Parfume Exotique
par Baudelaire
Quand, les deux yeux fermes, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chalereux
Je vois se derouler des rivages heureux
Qu'eblouissent les feux d'un soleil monotone;
Une ile parasseuse, ou la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux
Et des femmes dont l'oeil par sa franchise etonne.
Guide par ton odeur vers des charmants climats
Je vois un port rempli des voiles et des mats
Encor tout fatigues par la vague marine,
Pendant que le parfume des verts tamariniers,
Qui circle dans l'air et m'enfle la narine,
Se mele dans mon ame au chant des mariniers